AEFEK
Association d'échanges et de formation pour les études khmères
Bulletin de l'AEFEK
BULLETIN DE L'AEFEK n° 2
ISSN 1951-6584
Septembre 1999
SOMMAIRE
Compte rendu de la réunion n°4 (17-01-99)
Emmanuel Guillon - dont le champ de recherche englobe la civilisation mône et celle du Champa - a fourni quelques clés méthodologiques :
1-Pour comprendre un phénomène, il faut étudier ses conditions d’apparition (logique ou historique). Par exemple, la bouddhisation du site de Pagan relève-t-elle de la seule influence de Ceylan ? Ne s’inscrit-elle pas aussi dans les courants d’échanges entre la région et le Bihar indien – favorisant l’implantation de l’école du petit véhicule mais de langue sanskrite ?
2- Faire un travail d’érudit : tout lire, tout vérifier, hiérarchiser les documents (distinguer les sources primaires et les sources secondaires). Face aux sources, développer une critique externe (ex : nature de la source : spatiale, temporelle, symbolique) et une critique interne (cohésion du document), définir la fonction du document (fonction apparente, fonction réelle).
3- Le travail de recherche doit éviter la subjectivité et aller au-delà de l’apparence. Ce qui se traduit entre autre par la définition des concepts dans le contexte culturel.
Compte rendu de la réunion n°5 (14-02-99)
Alain Forest, historien spécialiste du Cambodge (CNRS), a dépeint l’état de la recherche sur le Cambodge en France. En particulier, il a démontré comment la stratégie institutionnelle du khmérologue est en butte à un triple écueil :
1- Lié à l’aire de recherche sudest-asiatique, il est confronté aux puissants relais institutionnels des indianistes et des sinologues.
2- A l’intérieur de cette aire géo-culturelle, sa position le renvoie aux rivalités entre le pôle péninsulaire et le pôle nousantarien.
3- Enfin, dans le cadre de la recherche péninsulaire – dont le contour renvoie pour l’essentiel à l’ex-Indochine française -, il entre en compétition avec les vietnamologues.
Dans cette perspective, si la présence actuelle de khmérologues dans les instances de la recherche n’est pas négligeable (7 aux CNRS : Michel Ferlus, Michel Jacq, Mak Phoeun, Khing Hoc Dy, Jacques Népote, Alain Forest, Serge Thion), le problème de la relève se pose manière de plus en plus aiguë. D'où une interrogation sur l'avenir des études khmères dans la recherche sudest-asiatique française. Un des éléments de réponse ne serait-il pas, d’après A. Forest, d’aborder ces études dans un cadre plus élargi, par exemple dans celui de l’aire civilisationnelle théravadine (Cambodge-Laos-Thaïlande-Birmanie) ?
Quoiqu’il en soit, il insiste auprès des jeunes chercheurs pour qu’ils adhèrent à un laboratoire de recherche et qu’ils multiplient très tôt les contacts avec les spécialistes concernés par leur sujet de travail (ne pas s’y prendre durant la phase de constitution d’un jury de thèse).
A SIGNALER
Louis DELAPORTE, Voyage au Cambodge. L'architecture khmère, Paris, Maisonneuve Larose, 1999, 462p (réédition de l'ouvrage de 1880).
Bernard Philippe GROSLIER, Mélanges sur l’archéologie du Cambodge (1949-1986) – Textes réunis et présentés par Jacques Dumarçay -, Paris, EFEO, 1998, 296p.
Michael VICKERY, Society, Economics and Politics in Pre-Angkor Cambodia, The 7th-8th centuries, Tokyo, The Centre for EastAsian Cultural Studies for Unesco, 1998, 486p.
A NOTER
Sur le site web de notre association, outre le n°1 de notre bulletin, on peut consulter les travaux de nos membres et une bibliographie détaillée de chercheurs sur le Cambodge.
Compte rendu de la réunion n°6 (14-03-99)
Madame Jacqueline Filliozat, membre scientifique de l’EFEO est venue présenter un état des fonds anciens (XVII°-XIX° siècles) relatifs au Cambodge de la bibliothèque de l'Ecole.
Ainsi, outre un fonds d'imprimés (la plupart des périodiques indochinois et des fonds modernes khmer, indonésien, lao, thaï, vietnamien), l'EFEO met à la disposition des chercheurs (à partir du doctorat) les fonds d'archives, de manuscrits et d'estampages concernant l'Indochine. Et dans ce cadre, l'Ecole offre la collection des manuscrits khmers la plus importante au monde en dehors du pays d'origine : c'est à dire 633 manuscrits dont 80 en respectivement cotés (soit un peu plus de la moitié du fonds pali de l'Ecole).
Ces manuscrits sont regroupés dans les fonds EFEO KHMER (O. pour les manuscrits sur pali ôles et P. pour les manuscrits sur papier) et EFEO PALI. Précisons que ces textes peu exploités offrent une palette de sources pour cerner les dimensions socio-culturelle et socio-cultuelle du Cambodge post-angkorien (recueils moraux et de divination, exemplaires de jataka, versions des chroniques royales, traités de médecine traditionnelle…).
Ajoutons enfin qu’il existe quelques manuscrits européens, papiers d’orientalistes sur le Cambodge et qui sont cotés EFEO EUROPEENS.
ZOOM SUR LES TRAVAUX DES MEMBRES
Michel ANTELME, La réappropriation en khmer de mots empruntés par la langue siamoise au vieux khmer, Patani, Prince of Songkla University, 1996, 152 p.
Suppya NUT, Etude du vocabulaire du théâtre royal khmer, Cahiers d'études franco-cambodgiens, n°6, 1994, 83 p.
Denis GAMBADE, Le rôle des trois grandes villes : Bangkok, Hanoi, Ho-Chi-Minh Ville dans l’aménagement régional de l’Asie du Sud-Est continentale, Mémoire de DEA, Université Paris IV Sorbonne , 1995, 51 p.